Ki onitasonano – Notre univers éclaté

Nous avons beaucoup souffert. De nombreux traumatismes ont mis à l’épreuve notre capacité de résilience, dont les épidémies de maladies pour lesquelles nous n’avions aucune immunité qui ont suivi le contact avec les Européens. La variole, entre autres, a anéanti plus de 60 % de nos populations au 17e siècle.

Certains auteurs parlent même de 90 %, une des plus grandes pertes de population dans l’histoire de l’humanité. À l’échelle du Québec moderne, cela représenterait la mort d’environ 5 à 7,5 millions de personnes sur une population de 8,6 millions.

On nous a sans cesse dépossédés. L’interdiction de vivre sur nos territoires ancestraux nous a coupés de lieux aimés que nous avons parcourus pendant des millénaires.

La perte de nos enfants, de nos langues et de nos savoirs, de même que le mépris que nous avons subi sont encore aujourd’hui source de nombreux maux dont témoignent les statistiques alarmantes sur la dépendance, la maladie, le décrochage scolaire et le suicide.

Les conséquences sur notre sentiment d’appartenance et notre identité ont été dévastatrices. Pour retrouver la santé, il nous faut prendre la parole sur les souffrances, mais aussi sur les connaissances non reconnues et non transmises, les alliances trahies. Il faut réécrire le récit de nos vies en brisant le silence.

Comment créer un monde avec nos vies « désunifiées »? Logements insalubres, manque d’eau potable, prisons surchargées, services à l’enfance défaillants, pauvreté : tous les indicateurs de bien-être des Canadiens sont négatifs chez les Premières Nations. Cela nous renvoie un portrait de ce que nous n’avons pas fait comme pays.

L’honorable juge Murray Sinclair, Anishinaabe
Président de la Commission de vérité et réconciliation du Canada

Le système public a été incapable d’offrir les services auxquels les Autochtones ont droit soit en matière d’éducation, de santé physique ou mentale, de justice, d’espérance de vie, de parentalité, de logement ou encore de revenus. Les difficultés vécues font la démonstration claire de la faillite du système à répondre à leurs besoins. De cela, nous sommes collectivement responsables. Il me semble impossible de nier la discrimination systémique. Dans une société développée comme la nôtre, ce constat est tout simplement inacceptable.

Jacques Viens, Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec